Eric Gilbin : Les clés de la gestion du stress en temps de confinement
Le confinement forcé, la peur du virus, le télétravail, les conditions de vie dans la ville, la cohabitation avec la famille… la gestion du stress a toujours fait partie de nos vies, en ces jours encore plus !
« Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque, à te regarder, ils s’habitueront » René Char
J’ai eu la chance d’interviewer Eric, entrepreneur et adepte de la sophrologie, qui m’a partagé son parcours inspirant, et ses clés pour faire face au stress en cette période inédite de l’histoire des hommes 2.0.
Eric, parle-nous un peu de ton parcours
On peut dire que tout a commencé quand j’avais 30 ans. Je me suis lancé dans la création d’entreprise avec un partenaire, on voulait importer du Champagne en Bourgogne. Ça a été un échec, j’y ai perdu toutes mes économies. Et à la même période, j’ai connu ma première séparation amoureuse. Je me suis retrouvé dans une grande souffrance, psychologique et charnelle. Heureusement, le soutien de la famille m’a sauvé.
J’ai repris une formation dans l’informatique. À l’époque, j’enseignais aux professeurs comment utiliser certains logiciels : ça a été ma première rencontre avec la pédagogie, cela m’a passionné. Et puis ensuite la vie, les rencontres et les expériences m’ont conduit à devenir moniteur d’auto-école. On dit moniteur, mais le titre c’est “Enseignant de la conduite et de la sécurité routière” ; puisque ce métier, c’est vraiment la transmission d’un savoir être et d’un savoir-faire.
Et comme j’ai toujours été curieux et que j’aime apprendre, j’ai continué les formations dans le domaine…
En 2015, j’ai eu un accident professionnel qui m’a forcé à arrêter de travailler. La souffrance était physique bien sûr, mais comme c’est lié, je souffrais aussi psychiquement… Et puis on m’a dit que j’étais inapte à travailler, que je ne pourrais plus jamais retravailler. Ça a été la dépression.
Comment se relever après un choc comme celui-là ?
“Qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?”, c’était la question qui me tournait dans la tête. Et puis comme d’habitude, l’apprentissage m’a toujours sauvé. J’ai suivi une formation en sophrologie qui m’a aidé à me réparer et à changer ma manière de vivre. Je me suis dit que si ça fonctionne sur moi, ça pourra aussi aider d’autres personnes. Je ne pouvais pas le garder pour moi, je devais absolument le partager.
Je me suis posé des questions : Quelles sont mes valeurs ? Qu’est-ce que j’aime faire ? Quelle sont mes compétences ? Le partage, l’échange, le relationnel, l’entraide… ces valeurs m’ont poursuivi toute ma vie. On avance toujours plus à deux que tout seul, c’est évident.
Par les rencontres et la magie de la vie, mon dossier a été accepté par Rimbaud Tech, l’incubateur de start-up. Depuis quelques mois, je travaille pour le développement de PopandFlow, un concept qui allie bien-être, gestion du stress et cours de conduite.
Même si les épreuves de la vie sont parfois dures, j’ai acquis, de par mes expériences et mon éducation, ce qu’on appelle la résilience. C’est à dire que quand je suis au creux de la vague, je sais toujours que tôt ou tard, ça va remonter. La résilience, elle se travaille : en acceptant toutes les opportunités que la vie vous offre par exemple, avec leurs lots de difficultés ; en pratiquant du sport aussi, pour écouter son corps et dépasser ses limites.
Et puis aussi, développer l’autonomie. Oui, nous avons tous besoin d’aide et c’est une grande qualité de pouvoir demander de l’aide à autrui. Mais ne pas tout attendre des autres, être autonome, chercher à s’en sortir par soi-même, faire le maximum avec ses capacités…
Mais enfin bon, avec tout ça, ça ne m’empêche pas de ressentir du stress et de douter de moi… comme tout le monde.
Pourquoi ressentons-nous du stress ?
Avant de répondre à cette question, nous devons d’abord le définir.
Le stress, c’est l’agression de l’organisme par un agent physique, psychique, émotionnel entraînant un déséquilibre qui doit être compensé par un travail d’adaptation ; c’est à dire qu’on doit répondre à ce stress. Le stress chronique devient une source de dysfonctionnement et de déséquilibre, donc nocif pour la santé. Il est coutume chez les chefs d’entreprise ou chez les entrepreneurs.
Nous ressentons du stress lorsque :
On perd le contrôle ou qu’on n’a pas le contrôle sur quelque chose, aussitôt il y a un signal de stress dans le corps et c’est normal (en ce moment avec la situation actuelle et le virus)
La situation est imprévisible, comme par exemple face à un patron lunatique. Le stress fonctionne comme un signal d’alarme.
On est confronté à la nouveauté : changer de travail, parler devant un public pour la première fois, lancer son entreprise, expérimenter le confinement… L’égo est menacé : on met en doute nos capacités, notre travail, notre éducation… Souvent, c’est ce dernier qu’on allume tout seul, on se dévalorise, on perd confiance en soi.
Comment fonctionne le stress ?
Le stress se compose de trois phases : la phase d’alerte, la phase de résistance et la phase d’épuisement. La compréhension de ces phases permet une meilleure gestion du stress.
La phase d’alerte
Le cœur bat plus vite
Le diaphragme se bloque
Tous les sens sont activés : on voit mieux, on entend mieux…
Les vaisseaux de la peau se resserrent.
La phase de résistance
Les battements cardiaques augmentent
La respiration s’accélère
La tension artérielle et le taux de sucre augmentent
Le processus de digestion cesse
Le corps subit de nombreuses tensions : maux de tête, douleurs dans le dos, courbatures, tremblements, crispation du visage…
Ces symptômes provoquent une détresse émotionnelle, de la peur, des angoisses, de l’agressivité, du découragement…On broie du noir. Le système immunitaire est affaibli, on est plus sujet à tomber malade. Il est aussi plus difficile de se concentrer… cela mène à une période d’inactivité. Le corps s’épuise…
En général, on va mettre en place des stratégies de compensation (comme manger compulsivement, boire de l’alcool, fumer…), des stratégies de l’action physique (faire trop de sport) ou encore des stratégies d’évasion (fuite dans le monde virtuel). Malheureusement, ces fuites ne sont pas une gestion du stress, ce sont un cercle vicieux, puisque toutes ces activités augmentent le stress sur du long terme.
C’est alors à ce moment-là qu’il est important de prendre conscience de l’état de stress pour pouvoir le modifier.
La phase d’épuisement
Le moindre événement stressant fait basculer dans l’épuisement, voire la dépression. En phase d’épuisement, on ne peut pas reculer tout seul. Pour s’en sortir, nous avons besoin d’une aide extérieur. La personnalité change, on ne se reconnaît plus, tout se dérègle, tout s’écroule. Dans le pire des cas, le stress se transforme en gros problèmes de santé…
Comment gérer son stress dans cette période de confinement forcé ?
L’écoute des émotions
Les émotions sont nos alliées. Elles sont des messages, que nous ressentons directement dans le corps. Nous pouvons les utiliser pour mieux se connaître et les ajuster. Il n’est pas toujours facile de les nommer, surtout que le système d’éducation dans lequel nous avons grandi ne nous encourage pas à les écouter. Voilà pourquoi l’introspection est essentielle dans la gestion du stress, puisqu’elle permet de rencontrer ses émotions.
La journée idéale du confiné
Pour tenir le coup pendant cette période de confinement, il est très important de :
Avoir un rythme : des horaires raisonnables de travail ; de s’organiser un planning si besoin…
Se donner des objectifs : à la journée, à la semaine, au mois… peu importe tant qu’ils soient réalisables. Sinon on trouvera toujours une excuse pour ne pas s’y tenir.
Pratiquer une activité physique ; le mouvement est essentiel.
Bien dormir
Bien manger : en commençant par le matin avec un bon petit-déjeuner, le midi et le soir, en préparant un bon repas (agréable pour les yeux et le ventre si possible)
Travailler en respectant le territoire de son/sa conjoint(e), ses colocataires, les autres membres de la famille … Chacun a besoin de son moment de concentration pour travailler
Se faire plaisir : voir des films, lire, écouter de la musique, se faire une petite sieste revigorante, prendre une pause thé et le savourer, jardiner, s’ouvrir aux autres et à de nouvelles choses…
Au moment d’aller se coucher, repenser à chaque petits moments agréables de la journée
Faire de la sophrologie pour faire baisser la pression, s’apaiser, relâcher les tensions du corps dues au travail devant l’ordinateur
En quoi la sophrologie peut-elle aider à la gestion du stress ?
C’est à la fois une pratique et un art de vivre mieux, de manière plus authentique et plus consciente. Elle permet de véritablement être, d’incarner nos vraies valeurs. Elle aide aussi à sortir des conditionnements de la société, des conditionnements liés à l’éducation, et donc à la gestion du stress.
La sophrologie rend la personne qui la pratique complètement autonome. Celle-ci est accompagné du sophrologue, certes, qui l’aide à identifier ses capacités, à mobiliser ses ressources, à se redécouvrir.
Un dernier conseil pour nos lecteurs ?
Je citerais Thierry Marx, le grand chef cuisinier : « Rigueur, Engagement, Régularité ». L’acronyme de ses écoles de cuisine. La rigueur, c’est formaliser ses projets. L’engagement a trait à la posture du corps et de l’esprit : regarder devant soi. La régularité, c’est appliquer ces principes à tout moment.
Retrouvez Eric Gilbin sur la page Facebook ou Instagram de PopandFlow, ou contactez le directement sur le site www.popandflow.fr
Article de Laura Slakmon pour Skuadron paru le 16 avril 2021.
(https://www.skuadron.fr/conseils/gestion-du-stress-en-temps-de-confinement/)